Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/221

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contre laquelle il faut se faire assurer. Aujourd’hui, mon dos a repris une partie de son élasticité, et je commence à me promener. J’ai eu la visite de mon vieil ami, M. Ellice, qui a passé vingt-quatre heures avec moi, et a renouvelé ma provision de nouvelles et mes idées singulièrement racornies par un séjour en Provence : c’est, tout bien considéré, le seul inconvénient de vivre hors de Paris. On arrive rapidement à être souche, et, quand on n’a pas les goûts de mon confrère M. de Laprade, qui voudrait être chêne, cette transformation n’a rien de bien agréable.

Si je continue à bien aller, je crois que je me rendrai à Paris vers le 18 ou le 20, pour la discussion de l’adresse, qui, me dit-on, sera chaude et intéressante ; quand j’aurai fait mon devoir, je retournerai au soleil, car je crèverais infailliblement à passer à Paris les glaces, les vents et les boues de février.

Vous avez tort de ne pas lire Salammbô. Il est vrai que cela est parfaitement fou, et qu’il y a encore plus de supplices et d’abominations que dans la Vie de Chmielniçki ; mais, après tout, il y a du talent, et on se fait une idée amusante de l’auteur