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CCLXVIII

Château de Compiègne, 16 novembre 1863, au soir.

Chère amie, depuis mon arrivée ici, j’ai mené la vie agitée d’un impresario. J’ai été auteur, acteur et directeur. Nous avons joué avec succès une pièce un peu immorale, dont, à mon retour, je vous conterai le sujet. Nous avons eu un très-beau feu d’artifice, bien qu’une femme qui voulait voir les fusées de trop près ait été tuée tout roide. Nous faisons de grandes promenades et je me suis tiré de tout cela, jusqu’à présent, sans rhume. On me garde ici encore une semaine ; probablement, je resterai à Paris jusqu’aux premiers jours de décembre, et je m’en retournerai à Cannes, que j’ai laissé tout en fleurs. Il est impossible d’imaginer quelque chose de plus beau que ces champs de jasmin et de tubéreuses. Je ne m’y suis pas très-bien porté cependant, et, les derniers jours surtout, j’étais très-dolent et mélancolique.