Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/256

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pour toucher mes indemnités, quatre-vingt-trois francs trente-trois centimes, tous les mois. D’ici à deux ans, nous allons avoir une mortalité effrayante. J’ai contemplé hier les figures de mes confrères ; sans parler de la mienne, on dirait des gens qui attendent le fossoyeur. Je ne sais qui l’on prendra pour les remplacer. Quand revenez-vous ? Vous aviez parlé de quinze jours à *** seulement ; mais je suppose que, selon votre habitude, vous ferez de ces quinze jours un long mois. Je souhaite vous revoir bientôt et nous promener comme autrefois en admirant la belle nature. Ce serait l’occasion rare pour moi de faire un peu de poésie.

Adieu, chère amie ; écrivez-moi. Si vous n’avez que la bibliothèque de la ville à votre disposition, vous ferez bien de lire Lucien, traduit par Perrot d’Ablancourt ou par tout autre ; cela vous amusera et entretiendra vos goûts helléniques.

Je suis plongé dans une histoire de Pierre le Grand dont je ferai part au public. C’était un abominable homme, entouré d’abominables canailles. Cela m’amuse assez.

Répondez-moi aussitôt que vous aurez reçu ma lettre.