Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/260

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irrévocablement le 8. Je m’arrêterai pour dormir à Bayonne, et je serai le 11 à Madrid. Je ne sais pas encore-combien de temps j’y resterai. Je partirai de Madrid pour Cannes, peut-être sans passer par Paris. L’hiver se fait déjà sentir désagréablement pour ma poitrine, le soir et le matin. Les jours sont magnifiques, mais les soirées fraîches en diable. Prenez garde de vous enrhumer dans le pays humide que vous habitez. Je me plais assez à Paris en cette saison, où il n’y a pas de devoirs de société, et où l’on peut y vivre en ours. Je vais de temps en temps aux nouvelles, mais je n’en attrape guère. Le pape a défendu à Rome les enseignes en français. Il faut qu’elles soient toutes en italien. Il y a dans le Corso une madame Bernard qui vend des gants et des jarretières. On l’a obligée de s’appeler dorénavant la signora Bernardi. Si j’étais le gouvernement, je n’aurais jamais permis cela, eût-il fallu pendre quelque peintre d’enseignes à la première boutique qu’on aurait voulu changer. Lorsque notre armée sera partie, vous verrez ce que ces gens-là feront.

Ici, les loups-cerviers, c’est-à-dire les gens