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mais je vous défie de rapporter des jambes de la taille de celle des montagnardes.

CCLXXXIII

Paris, 12 septembre 1865, au soir.

Chère amie, je suis ici depuis quelques jours. J’ai passé par Boulogne, et, pendant qu’on nous amarrait au quai, il y avait une telle foule, que je me demandais ce que l’arrivée d’un bateau à vapeur pouvait avoir de si intéressant. Il faudrait prévenir les Anglaises qu’elles font une grande exhibition de jambes et même mieux en bordant le quai lorsque la mer est basse. Ma pudeur a souffert. Paris est plus vide que jamais cette année. Il me plaît assez pourtant en cet état. Je me lève et me couche tard, je lis beaucoup et ne sors guère de ma robe de chambre ; j’en ai une japonaise, à ramages sur un fond jaune-jonquille plus brillant que la lumière électrique. J’ai passé mon temps sans trop m’ennuyer en