Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/288

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duc de Mouchy. La grande question qu’on se fait est celle-ci : « S’ils font des visites, mettrons-nous des cartes chez eux ? » D’un autre côté, il y a en ce moment une demoiselle à marier avec quelques millions dans la poche et une cinquantaine d’autres après. C’est une très-jolie personne, un peu mystérieuse, fille de M. Heine, qui est mort cette année, adoptive, s’entend, et dont personne au monde ne sait l’origine. Mais, moyennant les millions, les plus beaux noms de France, d’Allemagne et d’Italie sont prêts à toutes les platitudes. Ces sortes d’enfants adoptifs sont très-agréables à la déesse Fortune. Les Grecs aujourd’hui les appellent ψυχόπαιδια, enfants de l’âme ; n’est-ce pas un joli nom ?

Avez-vous lu les Chansons des rues et des bois, de Victor Hugo ? Je pense qu’à *** on peut les lire. Pourriez-vous me dire si vous trouvez qu’il y a une très-grande différence entre ses vers d’autrefois et ceux d’aujourd’hui ? Est-il devenu subitement fou, ou l’a-t-il toujours été ? Quant à moi, je penche pour le dernier.

Il n’y a plus qu’un homme de génie à présent : c’est M. Ponson du Terrail. Avez-vous lu quelqu’un