Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/296

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moment me parait plus bête de jour en jour. Nous sommes plus absurdes qu’on ne l’était au moyen âge.

Adieu, chère amie.

CCLXXXVIII

Paris, 9 avril 1866.

Chère amie, n’est-ce pas une fatalité, que vous partiez quand j’arrive ! Heureusement que vous reviendrez bientôt. Je suis ici depuis samedi soir, très-souffrant. Je suis parti ne respirant guère, et la route m’a rendu encore plus poussif. Hier soir, nous avons eu un terrible orage qui, j’espère, me remettra un peu. Je frémis à ce que vous dites de cette humide ville de *** et à l’idée de ces corridors glacés dont vous faites une si lugubre peinture. Tâchez de vous couvrir de toutes vos fourrures et de quitter le coin du feu le plus rarement possible et seulement les jours de soleil. Je suis devenu tellement frileux, ou plutôt le froid me fait tant de mal, que je ne me figure plus