Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/305

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dans la contrebande. Il est le roi de ces montagnes, et tout le monde y est à ses ordres. Rien n’était beau comme de le voir galoper au milieu des rochers sur le flanc de notre colonne, qui avait bien de la peine à suivre les sentiers frayés. Lui, franchissait tous les obstacles, criant à ses hommes en basque, en français et en espagnol, et ne faisant jamais un faux pas. L’impératrice l’avait chargé de veiller sur le prince impérial, qu’il a fait passer, lui et son poney, par les chemins les plus impossibles que vous puissiez imaginer, ayant autant de soin de lui que d’un ballot de marchandises prohibées. Nous nous sommes arrêtés une heure dans sa maison à San, où nous avons été reçus par ses filles, qui sont des personnes bien élevées, bien mises, et nullement provinciales, ne différant des Parisiennes que par la prononciation des r, qui, pour les Basques, est toujours rrrh.

Nous attendons la flotte cuirassée ; mais la mer est si mauvaise, que, si elle venait, nous ne pourrions communiquer avec elle. Il n’y a que peu de monde à Biarritz, quelques toilettes ébouriffantes et peu de jolis visages. Rien de plus laid