Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/311

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pour laquelle je vous ai trouvée très-sévère lorsque vous étudiiez la littérature grecque. Tout cela n’empêche pas qu’il ne fût en réalité très-supérieur à son temps. Je voudrais dire cela un jour aux personnes pleines de préjugés comme vous.

Je vous ai dit, quant à l’histoire dont je vous ai parlé, que je vous en ferais lecture un de ces jours, quand j’aurais le plaisir de vous revoir. Il n’est nullement question ni à propos de l’imprimer. Comme il n’y a rien dans cette œuvre qui soit en faveur du pouvoir temporel du pape, je craindrais qu’on ne la reçût pas avec bienveillance. N’êtes-vous pas frappée et humiliée de la profonde bêtise de ce temps-ci ? Tout ce qui se dit pour et contre le pouvoir temporel est si niais et si absurde, que j’en rougis pour mon siècle.

Une autre chose qui me rend furieux, c’est la façon dont on reçoit le projet de la réorganisation de l’armée. Tous les jeunes gens bien nés meurent de peur d’être dans le cas de se battre pour la patrie à un moment donné, et disent qu’il faut laisser ces vulgaires manières aux Prussiens. Imaginez un peu ce qui restera à la nation française