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CCXCV

Paris, vendredi 30 avril 1867.

Chère amie, je suis bien fâché de vous savoir entourée de malades. Cela me fait craindre que vous ne pensiez pas à moi, qui le suis plus que jamais par le temps qu’il fait. Ne viendrez-vous pas me soigner un de ces jours ? Je suis allé cependant à l’Exposition ; je n’ai pas été ébloui. Il est vrai qu’il pleuvait à verse et qu’il m’a été impossible d’aller voir les bêtises amusantes qui sont, dit-on, dans le jardin. J’ai vu quelques beaux objets chinois, trop chers pour ma bourse ; des tapis russes, tous déjà vendus. Il faudra qu’un de ces matins vous me meniez là et me guidiez dans mes acquisitions. Vous me paraissez très-enchantée de ce bazar : peut-être que votre enthousiasme éveillera le mien. Le temps pluvieux et sombre me fait beaucoup de mal. Je n’ose plus sortir et je vis comme un ours. Je meurs d’envie d’aller vous voir un soir, mais j’ai la con-