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CCCV

Cannes, 5 janvier 1868.

Chère amie, pardon de vous répondre si tard. J’ai été et je suis encore très-souffrant. Le froid, qui a pénétré jusqu’ici, me fait beaucoup de mal. On dit qu’à Paris, c’est bien autre chose et que vous n’avez rien à envier à la Sibérie. Je suis quelquefois une bonne partie de la journée sans pouvoir respirer. Ce n’est pas une douleur aiguë, c’est un malaise des plus impatientants et qui agit le plus fort sur les nerfs. Vous me connaissez assez pour comprendre comment cela m’arrange. J’ai, en outre, de grandes inquiétudes pour mon pauvre ami Panizzi, qui est à Londres fort malade. Les dernières nouvelles étaient un peu meilleures, mais très-peu rassurantes encore. Il avait le découragement, qui est toujours un très-mauvais symptôme chez les malades.

Au milieu de toutes mes misères, je tue le temps comme je peux. J’envoie aujourd’hui au