Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/338

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au sujet des thèses de médecine. Avez-vous lu la lettre de l’abbé Dupanloup ? L’âme de Torquemada est entrée dans son corps. Il nous brûlera tous si nous n’y prenons garde. Je crains que le Sénat ne dise et ne fasse à cette occasion tout ce qu’il y a de plus propre à le rendre ridicule et odieux. Vous ne sauriez croire combien tous ces vieux généraux qui ont traversé tant d’aventures ont peur du diable, à présent. Je ne sais pas si Sainte-Beuve est en état de parler comme mon journal l’annonce ; j’en doute, et, d’ailleurs, je ne sais trop s’il prendrait la chose par le bon côté, j’entends de manière à détourner la bombe. Son affaire à lui est de dire sa ratelée sans se soucier des résultats, comme il a déjà fait à l’occasion du livre de Renan. Tout cela m’agace et me tourmente. Nous avons ici un temps admirable dont les natifs se plaignent fort, car il y a un an qu’il n’a plu. Cela n’empêche pas les feuilles de pousser et la campagne est magnifique. Malheureusement, mes bains me tiennent toute la matinée et je ne puis guère me promener. Il y a ici la foire sous mes fenêtres. On montre en face de moi une géante en robe de satin qui se relève pour faire