Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/353

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Souffreteux et triste comme je suis, je n’ai que la force de lire, et je n’ai guère de livres. J’ai lu avec intérêt, ces jours passés, les Mémoires d’un paysan écossais qui, à force d’intelligence et de travail, est devenu homme de lettres, professeur de géologie et un homme célèbre. Malheureusement, il s’est coupé la gorge il y a peu de temps, le travail ayant sans doute tout à fait usé sa cervelle. Il s’appelait Hugh Miller. — Je pense que vous trouverez mon Ours plus présentable sous sa nouvelle forme. Quand je puis peindre, j’y fais des illustrations pour le donner à l’impératrice quand je reviendrai à Paris. Ne croyez pas que je représente toutes les scènes, celle par exemple où cet ours s’oublie. Adieu, chère amie ; je regrette pour vous que vous ne retourniez pas à Rome cette année. Il me semble que tout va se gâtant. Il n’y a plus d’Espagne ; bientôt, il n’y aura plus de saint-siége. La perte sera plus ou moins grande, selon les idées des gens. Mais c’est une chose qu’il faut voir une fois (comme diverses autres choses), pour n’avoir pas de tentations ni de regrets. Adieu.