Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/58

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intérêt à la crise et fait des vœux pour nos succès. Les salons, et particulièrement les orléanistes, sont parfaitement antifrançais et, de plus, archifous. Ils s’imaginent qu’ils reviendront sur l’eau et que leurs burgraves reprendront le fil de leurs discours interrompus en 1848. Pauvres gens qui ne voient pas qu’après ceci, il n’y a plus que la république, l’anarchie et le partage.

Je voudrais bien être au courant de vos projets. Il me semble que c’est à Paris que vous serez au centre des nouvelles, et, dans un temps comme celui-ci, cela est essentiel. Je crois que, pour cette raison, je n’irai pas en Espagne ; je m’y mangerais les ongles jusqu’au coude en attendant les dépêches.

Si vous êtes allée jusqu’à ***, ce qui me paraîtrait peu raisonnable, je ne doute pas que vous ne reveniez bientôt. Au milieu de toutes vos tribulations, pensez-vous à une retraite de quel ques jours au milieu d’une oasis ?

Vous et moi, nous aurions grand besoin, ce me semble, de nous reposer quelques jours, en attendant que nous ayons à subir des émotions guerrières. Rien ne vous serait plus facile dans ce