Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/97

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vous l’avez, gardez-le. Je suis allé avant-hier mener mes amis au pont de Gardonne ; c’est un pont naturel entre des rochers à la pointe de l’Estérel. On entre par une petite porte dans une grotte d’où l’on sort par une autre ouverture à la haute mer. Ce jour-là, la mer avait le diable au corps, et la grotte avait l’air d’une chaudière bouillante. Les matelots n’ont pas osé s’y risquer, et nous n’avons pu que tournoyer autour du gouffre. C’était admirablement beau de couleur et de mouvement. Adieu ; portez-vous bien, ne sortez pas trop le soir.

CCXI

Paris, dimanche soir, 12 mars 1860.
 

Je trouve que votre air de Paris est bien lourd et j’ai toujours la migraine. Je n’ai encore vu personne et je n’ose sortir le soir. Il me semble que ce doit être bien extraordinaire de faire des visites à dix heures du soir.

Point de nouvelles du livre de mon ami M. de