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CCXII

Paris, 4 avril 1860.

Nous avons eu hier la première idée de retour du printemps. Cela m’a fait grand bien et je me suis senti renaître. Il me semblait que je sentais l’air de Cannes. Aujourd’hui, il fait gris et sombre. J’aurais grand besoin de vous pour prendre la vie en patience. Je trouve qu’elle devient tous les jours plus ennuyeuse. Le monde est par trop bête. Ce qui est plus inouï que tout, c’est l’ignorance générale dans ce siècle de lumières, comme il s’appelle modestement lui-même. Il n’y a plus personne qui sache un mot d’histoire. Vous aurez lu le discours de Dupin, qui m’a fort amusé.

 

Je n’ai jamais pu retrouver Gobineau et je sais bien pourquoi ; vous aussi. Je me suis donné mes étrennes à moi-même, il y a deux jours, chez Poi