Page:Mérimée - Carmen.djvu/180

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Il fit un geste d’étonnement, mais il se hâta d’ajouter qu’il obéirait.

— Je ne me fie pas absolument à vous, continua-t-elle en souriant. Je crains encore que vous ne gâtiez mon ouvrage, et je veux réussir. Surveillé par moi, vous deviendrez au contraire un aide utile, et, j’en ai l’espoir, votre soumission sera récompensée.

Elle lui tendit la main en disant ces mots. Il fut convenu que Max irait le lendemain voir Arsène Guillot, et que madame de Piennes le précéderait pour la préparer à cette visite.

Vous comprenez son projet. D’abord elle avait pensé qu’elle trouverait Max plein de repentir, et qu’elle tirerait facilement de l’exemple d’Arsène le texte d’un sermon éloquent contre ses mauvaises passions ; mais, contre son attente, il rejetait toute responsabilité. Il fallait changer d’exorde, et dans un moment décisif retourner une harangue étudiée, c’est une entreprise presque aussi périlleuse que de prendre un nouvel ordre de bataille au milieu d’une attaque imprévue. Madame de Piennes n’avait pu improviser une manœuvre. Au lieu de sermonner Max, elle avait discuté avec lui une question de convenance. Tout à coup une idée nou-