Page:Mérimée - Carmen.djvu/253

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III

Lisabeta Ivanovna ôtait son châle et son chapeau quand la comtesse l’envoya chercher. Elle venait de faire remettre les chevaux à la voiture. Tandis qu’à la porte de la rue deux laquais hissaient la vieille dame à grand’peine sur le marchepied, Lisabeta aperçut le jeune officier tout auprès d’elle ; elle sentit qu’il lui saisissait la main, la peur lui fit perdre la tête, et l’officier avait déjà disparu lui laissant un papier entre les doigts. Elle se hâta de le cacher dans son gant. Pendant toute la route, elle ne vit et n’entendit rien. En voiture, la comtesse avait l’habitude de faire sans cesse des questions : — Qui est cet homme qui nous a saluées ? Comment s’appelle ce pont ? Qu’est-ce qu’il y a écrit sur cette enseigne ?

Lisabeta répondait tout de travers, et se fit gronder par la comtesse.

— Qu’as-tu donc aujourd’hui, petite ? À quoi penses-