Page:Mérimée - Carmen.djvu/289

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Des Bohémiens, troupe bruyante, vont errants en Bessarabie ; aujourd’hui sur la rive du fleuve, ils plantent leurs tentes déchirées. Douce comme l’indépendance est leur nuitée ; qu’on dort bien à la belle étoile ! Entre les roues des charriots, derrière des lambeaux de tapis, on voit briller le feu. La horde alentour apprête son souper. Sur le gazon, les chevaux paissent à l’aventure. Un ours apprivoisé a pris son gîte auprès d’une tente. Tout est en mouvement au milieu du désert ; on part demain à l’aube et chacun fait gaiement ses préparatifs. Les femmes chantent, les enfants crient, les marteaux font résonner l’enclume de campagne. Mais bientôt sur la bande vagabonde s’étend le silence du sommeil et le calme de la steppe n’est plus troublé que par le hurlement des chiens et le hennissement des chevaux. Tout repose, les feux s’éteignent, la lune brille