Page:Mérimée - Carmen.djvu/316

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Diable ! dis-je. Tâtons-en, nous aussi. Je ne fais qu’une gorgée du reste de la bouteille, et… crois-moi si tu veux, je me trouve en l’air aussitôt, moi aussi, léger comme une plume.

Plus vite que le vent je vole, je vole, je vole. Où allais-je, je n’en sais rien, je ne voyais rien. À peine rencontrant quelque étoile, avais-je le temps de lui crier gare ! Enfin voilà que je descends.

Je regarde : une montagne. Sur cette montagne des marmites qui bouillaient ; on chante, on joue, on siffle ; sale jeu, ma foi ! on mariait un Juif avec une grenouille.

Je crachai, et je voulus leur dire… quand accourt la Marousa. — Vite au logis ! Qui t’amène ici, vaurien ? On va te manger ! — Mais moi, qui ne boude pas :

— « Au logis ? et de par tous les diables ! comment trouver mon chemin ? — Ah ! tu fais le drôle de corps. Tiens ce fourgon. Enfourche-le, et file-moi vite, mauvais gredin.

— Moi ! moi, enfourcher un fourgon ! moi, hussard de l’Empereur ! Ah ! carogne ! Est-ce que je me suis donné au diable ? Et pour me parler ainsi, as-tu une peau de rechange ?

Un cheval ! — Allons, imbécile ! Tiens, voilà un cheval. — En effet, un cheval est devant moi. Il gratte la