Page:Mérimée - Carmen.djvu/33

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II


Je passai quelques jours à Cordoue. On m’avait indiqué certain manuscrit de la bibliothèque des Dominicains, où je devais trouver des renseignements intéressants sur l’antique Munda. Fort bien accueilli par les bons Pères, je passais les journées dans leur couvent, et le soir je me promenais par la ville. À Cordoue, vers le coucher du soleil, il y a quantité d’oisifs sur le quai qui borde la rive droite du Guadalquivir. Là, on respire les émanations d’une tannerie qui conserve encore l’antique renommée du pays pour la préparation des cuirs ; mais, en revanche, on y jouit d’un spectacle qui a bien son mérite. Quelques minutes avant l’angélus, un grand nombre de femmes se rassemblent sur le bord du fleuve, au bas du quai, lequel est assez élevé. Pas un homme n’oserait se mêler à cette troupe. Aussitôt que l’angélus sonne, il est censé qu’il fait nuit.