Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/163

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vous aviez à Pietranera, ce jour où, pendant notre dîner, on nous envoya des balles.

— Ce sont des souvenirs de la Corse qui me sont revenus en tête. Mais voilà qui est fini. Je serai marraine, n’est-ce pas ? Oh ! quels beaux noms je lui donnerai : Ghilfuccio-Tomaso-Orso-Leone !

La jardinière rentrait en ce moment. — Eh bien ! demanda Colomba du plus grand sang-froid, est-il mort, ou évanoui seulement ?

— Ce n’était rien, mademoiselle ; mais c’est singulier comme votre vue lui a fait de l’effet.

— Et le médecin dit qu’il n’en a pas pour longtemps ?

— Pas pour deux mois, peut-être.

— Ce ne sera pas une grande perte, observa Colomba.

— De qui diable parlez-vous ? demanda le colonel.

— D’un idiot de mon pays, dit Colomba d’un air d’indifférence, qui est en pension ici. J’enverrai savoir de temps en temps de ses nouvelles. Mais, colonel Nevil, laissez donc des fraises pour mon frère et pour Lydia.

Lorsque Colomba sortit de la ferme pour remonter dans la calèche, la fermière la suivit des yeux quelque temps : — Tu vois bien cette demoiselle si jolie, dit-elle à sa fille, eh bien ! je suis sûre qu’elle a le mauvais œil.


fin de Colomba