Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/377

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fois sur lui-même, et il est tombé raide mort. J’ai déjà remarqué, dans bien des soldats frappés de coups de feu, ce tournoiement étrange qui précède la mort. »

— « C’est fort extraordinaire, » dit Roquantin. « Et Thémines, qu’a-t-il fait ? »

— « Oh ! ce qu’il faut faire en pareille occasion. Il a jeté son pistolet à terre d’un air de regret. Il l’a jeté si fort, qu’il en a cassé le chien. C’est un pistolet anglais de Manton ; je ne sais s’il pourra trouver à Paris un arquebusier qui soit capable de lui en refaire un aussi bon. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La comtesse fut trois ans entiers sans voir personne ; hiver comme été, elle demeurait dans sa maison de campagne, sortant à peine de sa chambre, et servie par une mulâtresse qui connaissait sa liaison avec Saint-Clair, et à laquelle elle ne disait pas deux mots par jour. Au bout de trois ans, sa cousine Julie revint d’un long voyage ; elle força la porte et trouva la pauvre Mathilde si maigre et si pâle, qu’elle crut voir le cadavre de cette femme qu’elle avait laissée belle et pleine de vie. Elle parvint avec peine à la tirer de sa retraite, et à l’emmener à Hyères. La comtesse y languit encore trois ou quatre mois, puis elle mourut d’une maladie de poitrine causée par des chagrins domestiques, comme dit le docteur M… qui lui donna des soins.


Fin du vase étrusque