Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le baron de Machicoulis. J’aurais reconnu monsieur pour un Nangis rien qu’à sa grande ressemblance avec feu monsieur le marquis de Nangis son père, que j’ai fort connu de son vivant. Nous avons servi ensemble autrefois, monsieur.

Édouard. Ah ! monsieur a servi ?… (Bas à la comtesse.) À quoi ?

Le baron de Machicoulis. Nous nous sommes trouvés ensemble au siège de Gibraltar. Il y faisait un peu chaud, sur ma foi.

Édouard. Je le crois bien… en Espagne et dans l’Andalousie.

Le baron de Machicoulis, bas au comte. Ce jeune homme est-il sûr ? Ses manières sentent un peu le régiment.

Le comte. Ma femme dit qu’elle répond de lui.

Édouard, bas à la comtesse. Cousine, si je lui coupais sa queue pour vous faire un cordon de sonnette ?

La comtesse, bas. Édouard, vous me mettez au supplice.

Le chevalier de Thimbray, regardant à sa montre. Ces messieurs sont en retard, si je vais bien.

Le comte. Fierdonjon me disait hier encore qu’il serait le premier arrivé.

Le baron de Machicoulis, à Edouard. Monsieur le marquis.

Édouard. Je m’appelle monsieur de Nangis, ou le lieutenant Nangis, comme vous voudrez. Ne me donnez pas du marquisat, s’il vous plaît.

La comtesse. Mon cousin est si modeste !… (Bas.) Il a certaines idées…

Le baron de Machicoulis. Monsieur de Nangis, donc, vous arrivez de l’armée probablement ?

Édouard. Aujourd’hui même.

Le baron de Machicoulis. D’Allemagne ?