gostini avait menacé de mort celui qui avait écrit une lettre en son nom, et insinua que ce misérable, ayant probablement soupçonné le colonel, l’avait assassiné. Dans les mœurs des bandits, une pareille vengeance pour un motif analogue n’est pas sans exemple.
Cinq jours après la mort du colonel della Rebbia, Agostini, surpris par un détachement de voltigeurs, fut tué, se battant en désespéré. On trouva sur lui une lettre de Colomba qui l’adjurait de déclarer s’il était ou non coupable du meurtre qu’on lui imputait. Le bandit n’ayant point fait de réponse, on en conclut assez généralement qu’il n’avait pas eu le courage de dire à une fille qu’il avait tué son père. Toutefois, les personnes qui prétendaient connaître bien le caractère d’Agostini, disaient tout bas que, s’il eût tué le colonel, il s’en serait vanté. Un autre bandit, connu sous le nom de Brandolaccio, remit à Colomba une déclaration dans laquelle il attestait sur l’honneur l’innocence de son camarade ; mais la seule preuve qu’il alléguait, c’était qu’Agostini ne lui avait jamais dit qu’il soupçonnât le colonel.
Conclusion, les Barricini ne furent pas inquiétés ; le juge d’instruction combla le maire d’éloges et celui-ci couronna sa belle conduite en se désistant de toutes ses prétentions sur le ruisseau pour lequel il était en procès avec le colonel della Rebbia.
Colomba improvisa, suivant l’usage du pays, une ballata devant le cadavre de son père, en présence de ses amis assemblés. Elle y exhala toute sa haine contre les Barricini et les accusa formellement de l’assassinat, les menaçant aussi de la vengeance de son frère. C’était cette ballata, devenue très populaire, que le matelot chantait devant miss Lydia. En apprenant la mort de son père, Orso, alors dans le nord de la France, demanda un congé, mais ne put l’obtenir. D’abord, sur une lettre de sa sœur, il avait cru les Barricini coupables, mais bientôt il reçut