Un jour, une dizaine de nos officiers dînaient chez Silvio. On but comme de coutume, c’est-à-dire énormément. Le dîner fini, nous priâmes le maître de la maison de nous faire une banque de pharaon. Après s’y être longtemps refusé, car il ne jouait presque jamais, il fit apporter des cartes, mit devant lui sur la table une cinquantaine de ducats et s’assit pour tailler. On fit cercle autour de lui et le jeu commença. Lorsqu’il jouait, Silvio avait l’habitude d’observer le silence le plus absolu ; jamais de réclamations, jamais d’explications. Si un ponte faisait une erreur, il lui payait juste ce qui lui revenait, ou bien marquait à son propre compte ce qu’il avait gagné. Nous savions tout cela, et nous le laissions faire son petit ménage à sa guise ; mais il y avait avec nous un officier nouvellement arrivé au corps, qui, par distraction, fit