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Page:Mérimée - Dernières nouvelles de Prosper Mérimée, 1874.djvu/95

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avez la plus grande horreur d’un assassinat, et pourtant vous en avez la pensée. Je crois, messieurs, que, si toutes les pensées qui nous viennent en tête dans l’espace d’une heure…, je crois que si toutes vos pensées, monsieur le professeur, que je tiens pour un sage, étaient écrites, elles formeraient un volume in-folio peut-être, d’après lequel il n’y a pas un avocat qui ne plaidât avec succès votre interdiction, pas un juge qui ne vous mît en prison ou bien dans une maison de fous.

— Ce juge, monsieur le comte, ne me condamnerait pas assurément pour avoir cherché ce matin, pendant plus d’une heure, la loi mystérieuse d’après laquelle les verbes slaves prennent un sens futur en se combinant avec une préposition ; mais, si par hasard j’avais eu quelque autre pensée, quelle preuve en tirer contre moi ? Je ne suis pas