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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.

Le Gouverneur.

Tant mieux. Un jeune homme, ça se devine. Le pire, c’est un vieux diable. Un jeune est toujours en dehors. Vous, messieurs, préparez-vous. Moi, j’y vais seul, avec Pëtr Ivanovitch, sans faire semblant de rien, comme si je me promenais, pour voir si les voyageurs sont bien traités. Holà ! Svistinof !

Svistinof.

Plaît-il ?

Le Gouverneur.

Cours après l’inspecteur de quartier… Non. J’ai besoin de toi. Dis à quelqu’un qu’on me fasse venir tout de suite l’inspecteur de quartier, et reviens vite.

L’Administrateur.

Allons, allons-nous-en, Ammos Fëdorovitch. Il peut arriver quelque malheur.

Le Juge.

Pourquoi avoir peur ? Les malades ont des bonnets blancs, tout est dit.

L’Administrateur.

Des bonnets ! on ordonne de donner du bouillon aux malades, et dans tous les corridors c’est une odeur de choux qui vous prend au nez…

Le Juge.

Quant à cela, moi, je suis tranquille. Qui s’aviserait d’aller au tribunal ? Et si l’on s’avise de regarder dans quelque papier, on sera bien avancé. Il y a quinze ans que je siège sur le fauteuil de juge, et si j’ai regardé un mémoire… Bah ! bah ! Salomon lui-même ne découvrirait pas s’ils disent vrai ou non.

(Le juge, l’administrateur des hospices, le recteur et le directeur des postes sortent et se rencontrent à la porte avec Svistinof qui revient.)