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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.

à la veuve du sous-officier qui faisait le commerce, que j’aurais fait fouetter, c’est une calomnie, Monsieur, sur mon honneur, c’est une calomnie. Ce sont mes ennemis qui ont inventé cela. Les gens d’ici sont si méchants, qu’ils sont prêts à m’assassiner…

Khlestakof.

Eh bien ! je n’ai pas affaire à eux, moi… (Réfléchissant.) Je ne sais pas, moi, pourquoi vous me parlez de vos ennemis ou de la veuve de ce sous-officier… Une femme de sous-officier, c’est autre chose… mais moi, vous n’oseriez pas me faire fouetter… vous n’y pensez pas, apparemment ? Je vous le répète, je paierai, je paierai… mais en ce moment, je me trouve sans argent. Si je suis ici, c’est que je n’ai pas un kopek.

Le Gouverneur, à part.

Oh ! le farceur ! Quelle diable d’histoire nous fait-il et où veut-il en venir ? On ne sait par où le prendre. Ma foi, essayons ; il en sera ce qu’il en sera, essayons toujours. (Haut.) Si vous aviez besoin d’argent, Monsieur, ou de toute autre chose, veuillez disposer de moi. Mon devoir est d’obliger les voyageurs.

Khlestakof.

Si vous vouliez me prêter quelques roubles, je satisferais le maître de l’hôtel. Deux cents roubles me suffiraient, et même moins.

Le Gouverneur, lui donnant des billets.

Voici précisément deux cents roubles ; ne vous donnez pas la peine de compter.

Khlestakof.

Mille remerciements. Je vous renverrai cela de la campagne… C’est un accident que… Je vois, Monsieur, que vous êtes un galant homme… C’est une autre affaire.

Le Gouverneur, à part.

Dieu soit loué ! il a pris l’argent. Nous allons être