faut nécessairement mettre de son côté une apparence de justice, car il serait impossible d’entraîner la grande masse flottante qui décide du succès, si l’agression qu’on médite n’avait pas l’air d’être provoquée par le parti contraire. C’est cette idée qui explique la démarche singulière du duc aussitôt après son arrivée à Paris.
Il se rendit seul au Louvre, et se présenta devant le roi au moment où celui-ci venait d’apprendre qu’il avait quitté Soissons. Suivant toute apparence, son plan était d’irriter le roi, de le pousser à bout par son insolence, et de l’obliger à des menaces que ses partisans auraient ensuite exploitées. Il est vrai qu’il s’exposait beaucoup en se présentant seul devant un prince irrité, qui d’un mot pouvait faire tomber cent épées sur sa tête ; mais il avait calculé que parmi les courtisans il y en avait un grand nombre qui hésitaient, encore incertains entre la Ligue et le roi, attendant pour se décider que la victoire se déclarât pour l’un ou pour l’autre. Connaissant le caractère timide et irrésolu de Henri III, il se persuadait que ce prince ne pourrait jamais se déterminer de lui-même à un parti violent ; il espérait que sa témérité même lui imposerait ; enfin, il avait besoin de montrer de l’audace