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THÉODORE LECLERCQ.

on disait au xviiie siècle, est représenté dans quelques-unes de ses pièces avec des traits qui ne seraient pas désavoués par nos maîtres. Je ne connais pas de peinture plus ravissante du bonheur de la vie de famille que celle que nous a laissée M. Leclercq dans son Château de Cartes. C’est à mon avis un petit chef-d’œuvre de sensibilité et de grâce, dont je conseille la lecture à tous ceux qui se trouveront incommodés d’un article de la Gazette des Tribunaux ou d’un premier-Paris dans un journal politique.

M. Leclercq a cessé d’écrire longtemps avant que son talent eût rien perdu de sa puissance et de sa souplesse, mais il aimait toujours à causer de littérature, et suivait avec curiosité et intérêt les essais de ses contemporains. On était sûr de trouver auprès de lui un critique aussi éclairé que bienveillant, sachant, chose rare, se placer à tous les points de vue pour mieux juger l’œuvre qui lui était soumise. Autant d’autres sont empressés à trouver les défauts, autant il se montrait ingénieux à découvrir les qualités, à suggérer des corrections, ou même des idées nouvelles. Tous ses lecteurs sauront combien il fut homme d’esprit ; ses amis seuls savent combien il fut aimable et bon.

Février 1851.