l’étranger. Rarement l’éducation des camps développe le goût des arts : il fallait qu’il fût inné chez Du Sommerard, pour qu’au milieu des fatigues et des dangers de la guerre, la vue des chefs-d’œuvre de l’Italie ait décidé de sa vocation. Au commencement du siècle, l’antiquité grecque et romaine avait conservé ou retrouvé son prestige, mais le moyen âge et même la Renaissance passaient pour des temps de barbarie, et, sous le nom de gothique, on confondait dans un dédain général les plus beaux ouvrages créés dans notre France pendant une période de plus de soixante années. Du Sommerard ne partageait pas les préjugés de son époque. Un des premiers, il distingua les caractères de cet art méprisé ; il en comprit les beautés, il en pénétra, pour ainsi dire, les secrets. Il fallait une grande sagacité de critique, et un talent d’observation très-subtil pour deviner les lois de cette archéologie encore inexplorée. C’était le temps où l’on regardait l’octogone de Montmorillon comme un temple de druides, et où l’on montrait au Musée de l’artillerie une cuirasse du xvie siècle pour l’armure de Roland. Du Sommerard observa les rapports intimes qui existent entre les arts et l’industrie. Non-seulement il s’initia à la vie intime et aux mœurs
Page:Mérimée - Portraits historiques et littéraires (1874).djvu/220
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
PORTRAITS HISTORIOUES ET LITTÉRAIRES.