l’abbaye de Branthôme, valant à peu près 3000 livres de revenu. Dès lors, selon l’usage du temps, Pierre de Bourdeilles prit le nom de son principal bénéfice, à l’exemple de la plupart des gentilshommes, qui changeaient leur nom de famille pour celui d’une seigneurie.
Tout abbé qu’il fût, il voulut voir la guerre et le beau pays où son père avait combattu à côté du chevalier sans peur et sans reproche. Il partit pour l’Italie à la fin de l’année 1557 ou au commencement de 1558, ayant dessein de servir dans l’armée du maréchal de Brissac, comme volontaire de qualité, c’est-à-dire avec une suite de cinq ou six gentilshommes entretenus à ses frais, bien armés et montés « sur bons courtaux. » Pour mettre ce train sur pied, il avait fait une coupe dans sa forêt de Saint-Yrieix et réalisé une somme de 500 écus d’or. Malgré les courtaux, Branthôme allait servir dans l’infanterie, arme qui commençait à être en honneur. Mais on ne se battait guère en Italie en 1558 : aussi Branthôme se crut dispensé de faire grande diligence pour s’y rendre. Il s’arrêta d’abord à Genève, où il vit Poltrot de Méré, celui qui, cinq ans plus tard, assassina le duc François de Guise, alors pauvre exilé, faisant des boutons pour vivre,