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ALEXANDRE POUCHKINE.

sions violentes, a préludé à son Don Juan par le charmant poëme de Beppo, si plein d’english humour, et en même temps si vrai dans la peinture des mœurs italiennes. La Petite Maison dans la Kolomna et le Comte Nouline sont deux charmants petits tableaux du même genre, non moins gracieux que leur devancier. Sauf la forme des vers et le ton général de la composition, Pouchkine n’a rien dérobé à lord Byron. Ses caractères sont bien russes et pris sur la nature. La Petite Maison dans la Kolomna chante les tribulations d’une bonne veuve, mère d’une jolie fille, en quête d’une servante à tout faire. Il s’en présente une, grande, robuste, un peu gauche et maladroite, mais qui prend les gages qu’on lui offre. La fille de la maison est d’ailleurs fort empressée à la mettre au fait et l’aide de son mieux. Un jour, la veuve est prise, pendant la messe, d’un pressentiment que sa bonne fait quelque sottise dans le ménage : elle rentre en hâte, et la trouve devant un miroir en train de se raser.

Le Comte Nouline, revenant de faire son tour d’Europe, s’arrête, par suite d’un accident de voiture, dans le château d’une jeune femme un peu négligée par son mari, qui ne pense qu’à la chasse.