nière la plus nette et la plus énergique ? Au reste, toute cette brillante fantaisie des Apparitions n’est qu’une sorte de cadre pour une suite de paysages, tous variés et tous merveilleusement peints.
Il est impossible, je crois, de rendre en français le charme de ces descriptions à la fois si simples et si pittoresques, car la concision et la richesse de la langue russe défient les plus habiles traducteurs. Traduttore, traditore, disent avec raison les Italiens. Plus que personne, M. Tourguénef a eu lieu de se plaindre de ceux qui ont essayé de nous faire connaître ses ouvrages. Un d’eux, à qui d’ailleurs revient le mérite d’avoir le premier publié à Paris les Récits d’un Chasseur, obligea l’auteur à réclamer contre maint contre-sens. Par exemple, M. Tourguénef crut devoir nous avertir qu’il ne nourrissait pas ses chiens avec des ortolans, comme son traducteur le donnait à entendre, ayant pris le mot russe qui signifie pâtée, pour le nom d’un oiseau inconnu en Russie et cher à tous les gourmands. Pourquoi, dira-t-on, M. Tourguénef, sachant si bien notre langue, ne revoit-il pas lui-même les épreuves de ses traducteurs ? C’est bien ce qu’il fait, mais savez-vous ce qui arrive ? Il est mécontent d’une expression et demande un changement ; il indique à la