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Page:Mérimée - Portraits historiques et littéraires (1874).djvu/56

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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

frères. Cervantes en demande un et expose ses titres pour l’obtenir. « Hé bien, dit le dieu, plie ton manteau, et assieds-toi dessus. — Mais, Sire, lui répondis-je, daignez faire attention que je n’ai pas de manteau. — Ton mérite, me dit Apollon, sera ton manteau ; et je restai debout. » Un joli dialogue en prose, à la manière de Lucien, est imprimé à la suite de ce petit poëme dont les vers sont, sans aucun doute, les plus élégants qui soient sortis de la plume de notre auteur.

Cervantes s’était aperçu de bonne heure que sa maladie était sans remède. La mort lente et sans gloire qui termine de longues souffrances, le trouva tel qu’il était sur les vaisseaux de Colonna, ou dans le bagne d’Arnaute Mami. Écoutons-le parler lui-même de sa maladie dans le prologue de Persiles et Sigismunda, roman publié par sa veuve, en 1617.

« Il advint, cher lecteur, que deux de mes amis et moi, sortant d’Esquivias (lieu fameux à tant de titres, pour ses grands hommes et ses vins), nous entendîmes derrière nous quelqu’un qui trottait de grande hâte, comme s’il voulait nous atteindre, ce qu’il prouva bientôt en nous criant de ne pas aller si vite. Nous l’attendîmes ; et voilà que survint, monté sur une bourrique,