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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/115

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Scène II.

Un vallon.
DON ESTEBAN, DON CARLOS, se rencontrant.

Don Esteban. Don Carlos, vous ici, cher capitaine ?

Don Carlos. Me trompé-je ? Dans ce désert le baron de Mendoza !

Don Esteban. Que diable faites-vous ici ? Je croyais que vous n’auriez jamais pu vous résoudre à quitter les plaisirs de Madrid.

Don Carlos. Je chasse. Je suis en semestre chez mon père, qui est alcalde de ce vilain trou qu’on appelle Monclar. — Et vous, que faites-vous ici ?

Don Esteban. Je vous en présenté autant. Mon père vient d’acheter une terre dans ces environs. — Avez-vous tué quelque chose ?

Don Carlos. Non ; je n’ai rien tiré. Je viens de renvoyer mon cheval et mes lévriers… (D’un air de mystère.) J’étais bien aise de me promener un peu de ce côté.

Don Esteban avec inquiétude. Ah !… Pourquoi donc ?

Don Carlos de même. Je guette un autre gibier… dont vous êtes grand chasseur, cher baron. Gageons que c’est une petite amourette qui vous conduit dans votre terre nouvellement achetée ?

Don Esteban. Non, en vérité… quelle étrange supposition !

Don Carlos. Écoutez donc. Depuis trois jours que je suis dans ce trou exécrable, j’ai remarqué une charmante petite paysanne, qui demeure dans ces environs. Tenez ! voyez-vous cette maison là-bas… c’est là qu’elle demeure.

Don Esteban à part. La maison de Mendo !

Don Carlos. Une fille délicieuse, cher baron. Quoique fille d’un laboureur, à ce qu’il paraît… elle est faite au tour… des cheveux, des yeux d’un noir !… des mains… passables… cependant c’est là le côté faible. Tout bien considéré, je veux m’en passer la fantaisie.