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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/163

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Don Esteban. Et cela encore ! — N’importe, Pedro ! si je meurs, tu diras que je suis mort repentant.

Pedro. Ah ! monseigneur, c’est un ange. Elle ne cessait de vous justifier auprès de monsieur Mendo.

Don Esteban. Courons, Pedro… — Le major don Gregorio ne s’est point sauvé ?

Pedro. Non, monseigneur, ils l’ont pendu.

Don Esteban. Encore un meurtre à me reprocher !

Ils sortent.

Scène V.

Un parloir d’Ursulines à Badajoz.
MENDO, INÈS, LA SUPÉRIEURE.

Mendo. Adieu, Inès. Nous nous reverrons un jour.

Inès. Adieu, mon père, je n’ai que peu de temps à vivre. Le coup a été trop fort. Si jamais il oubliait cette belle Sérafine… s’il revenait à son Inès… hélas ! je n’aurai pas le temps de l’attendre… dites-lui que je lui ai pardonné… et que je suis morte en priant le ciel de lui pardonner. Adieu, mon père ! (Elle l’embrasse.)

Mendo. Adieu, ma fille !

Inès entre dans le cloître, soutenue par la supérieure.

Mendo seul. Maintenant je puis être tout entier à la vengeance. Grâce au ciel, il me reste encore ma main gauche.

Entre don Esteban pâle et en désordre.

Don Esteban. Inès ! Inès ma bien-aimée !

Mendo. Respecte celle…

Don Esteban. Inès ! Inès !

Inès derrière la scène. C’est lui ! il revient à moi ! (Elle rentre et va tomber dans les bras d’Esteban.) Tu m’aimes donc’encore !… oh ! je suis heureuse enfin ! (Elle s’évanouit.)

La supérieure. Asseyez-la sur cette chaise, et faites-lui respirer des sels. Qu’on apporte de l’eau.

Don Esteban. Ma chère Inès !… si mon amour peut réparer mon crime !… Oh ! réponds-moi, de grâce !

La supérieure. Buvez cette eau, madame.