Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/200

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est vaniteux; FrayEugenio lui a persuadé que toute la ville se moquerait de lui s'il ne faisait pas les chosesgrandement. —Eh ! Paquita ! qu'as-tu donc ? tu pleures ?
DONAFRANCISCA : Oui, ce trait de sa générosité m'a émue.
DONAXIMENA : Grand pouvoir de l'éloquence !
DONA IRENE : Oh ! le coeur sensible ! Ah ! ah ! ah !
DONAXIMENA : Voilà Paquita qui pleure. —Mariquita a l'air d'être près d'en faire autant. Pourle coup, cela est par trop romanesque. Irène, crois-moi, laissons ces demoiselles pleurerensemble; aussi bien j'ai quelque chose à te conter qui te fera bien rire. Adieu, mesdemoiselles :si vous avez vos secrets, nous avons les nôtres.
Elle sort avec DONA IRENE.

SCÈNE VII


DONAMARIA, DONAFRANCISCA
DONAFRANCISCA, serrant dans ses bras dona Maria : Chère Maria ! ma seule amie !
DONAMARIA, l'examinant : Je ne te croyais pas sensible à ce point.
DONAFRANCISCA : Ah ! tu ne peux comprendre encore ce que j'éprouve. (Une horloge sonne,et dona Maria tressaille.) Comme tu es nerveuse aujourd'hui ! Va, si ton coeur était occupécomme le mien, l'horloge ne te rappellerait que des idées de bonheur. —Personne ne nousobserve? Regarde, Mariquita; tu ne me trahiras pas?Une lettre... (Elle s'approche de l'oranger, et prend la lettre de Fray Eugenio. —Dona Maria lavoit faire d'un air distrait. Dona Francisca lit rapidement la lettre et la baise ensuite.) Chèreenfant ! que je t'embrasse aussi. (Elle l'embrasse.) Mais, dis-moi, pourquoi faut-il que tu soismalade aujourd'hui ? Quand je suis heureuse et gaie, je voudrais que tout ce que j'aime fûtheureux et gai comme moi.
DONAMARIA : Je souffre.
DONAFRANCISCA : En effet, depuis quelque temps nous remarquons que tu es changée; maistu as grandi, tu t’es formée si vite !... Laisse faire le temps; un jour tu seras heureuse comme moi,et alors tu te porteras bien.
DONAMARIA : Tu es donc bien heureuse ?