Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/214

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DONAMARIA : Je ne suis plus une femme pour vous, Fray Eugenio; je suis tout au plus... uneamie.
FRAY EUGENIO : Puissiez-vous trouver un coeur digne du vôtre !
Il sort.

SCÈNE XII


DONAMARIA, seule.
L'instant approche. Je vois Rita s'avancer lentement avec cette limonade qui doit me délivrer detous les ennuis de ce monde. —Elle craint d'en répandre une goutte. —Elle a l'air de suivre unconvoi. Le mien sera étrange. Sans doute, celle qui cause ma mort tiendra un des coins du drapqui couvrira ma bière... Et lui chantera la messe des funérailles. Ah ! ah ! ah !... Mais non ; en maqualité de suicidée, de damnée, on ne me portera pas à l'église. On m'enterrera dans quelque lieuécarté. Qu'importe, pourvu que, dans mon trou, je ne pense plus aux idées qui me tourmentent !

SCÈNE XIII


DONAMARIA, RITA
RITA : Voilà un grand verre de limonade; je l'ai faite avec de la neige. Buvez, avant qu'elle nes'échauffe.
DONAMARIA : Ma bonne Rita, je suis fâchée de te déranger toujours; mais fais-moi le plaisird'aller reporter ce livre dans ma chambre.
RITA : Oui, mademoiselle.
DONAMARIA : Je m'en vais bientôt quitter ce couvent, Rita. Je n'emmènerai pas mes oiseauxavec moi, et je te les donne pour en prendre soin.
RITA : Vous allez quitter le couvent ?
DONAMARIA, après avoir écrit quelque chose sur une page de son portefeuille, qu'elle déchire: Oui. Tiens ; avec ce papier-là, tu recevras trois cents piastres de MM. Arias et Candado, cesbanquiers qui demeurent sur la place de la Mer.
RITA, stupéfaite Mademoiselle...