Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/247

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deau pour expier sa faute… Aussi bien, je lui ai donné une madone de Murillo, qu’elle veut changer contre mon saint Christophe… Au surplus, vous pouvez compter sur la madone… Mais rendez-moi le service d’apaiser la marquise… N’est-ce pas ? Vous me le promettez ?

Le Licencié.

Monseigneur, je ferai mon possible, mais…

Le Vice-Roi.

Amenez-moi votre neveu un de ces matins. Nous tâcherons de faire quelque chose pour lui.

Le Licencié.

Il est tout à fait digne des bontés de Votre Altesse. Mais, monseigneur…

Le Vice-Roi.

J’entends un carrosse qui entre dans la cour. La voici sans doute. Vous allez voir comment je vais lui parler.

Balthasar annonçant.

Monseigneur l’évêque de Lima.

Le Vice-Roi.

L’évêque !

Le Licencié.

Il vient sans doute porter plainte aussi.

L’évêque et la Perichole paraissent à la porte, et font des façons pour entrer.

L’évêque.

Passez, mademoiselle.

La Perichole.

Monseigneur, je vous en supplie…

L’évêque lui prenant la main.

Eh bien ! entrons ensemble.

Le Licencié à part.

Que vois-je ? l’évêque donne la main à la comédienne !

Le Vice-Roi.

Monseigneur, je vous baise les mains… Je suis confus de ne pouvoir me lever pour vous recevoir, mais un pauvre malade…

L’évêque.

Mademoiselle m’a parlé de votre indisposition, et je n’ai pas voulu rentrer chez moi sans m’informer de votre santé. Cela m’a procuré le plaisir de conduire mademoiselle dans ma voiture.

La Perichole.

C’est une grâce que je n’oublierai jamais.

Le Vice-Roi.

Comment ! ma voiture… ta… votre voiture… s’est-elle brisée ?

La Perichole.

Non, monseigneur, mais je ne l’ai plus et je ne la regrette pas, car j’en ai fait, je l’espère, un bon usage.

L’évêque.

Un bon, un saint usage.

Le Licencié à part.

Je m’y perds.

L’évêque.

Vous avez donné un exemple de piété bien rare dans ce siècle.