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Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/420

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Don José à doña Agustina. Allez auprès de votre fille, ma dame ; je n’aime pas à avoir des espions auprès de moi. Laissez-nous. — (À Mugnoz plus bas.) Tu ne me parles pas de don Alonso de Pimentel ? Comment a-t-il pris le refus que je lui ai fait ? Tes espions savent-ils quelque chose ?

Mugnoz. Monseigneur, voici tout ce que je sais. D’abord il a dit à l’un de ses domestiques : « Martin, » (c’est son nom), « as-tu du cœur ? J’aurai bientôt besoin de toi. » Ce qui indique suivant moi…

Don José. Je n’ai pas besoin de tes observations. Ensuite ?

Mugnoz. Il a dit au jésuite que vous savez, et qui était chargé de le sonder là-dessus : « Don José de Carvajal me refuse sa fille ; mais elle sera à moi, n’importe comment. »

Don José. Nous verrons.

Mugnoz. Depuis ce temps-là don Alonso va voir plus fréquemment le vieux cacique Guazimbo, et il pousse ses chasses dans nos environs, toujours en compagnie de ce mauvais drôle qu’ils nomment Ingol, le fils du cacique.

Don José. Dans nos environs ?

Mugnoz. Oui, monseigneur, autour de votre habitation. Nuit et jour on voit des Indiens rôder près d’ici. Ils ont l’air d’examiner la hauteur des murs. Pas plus tard qu’hier, j’ai rencontré Ingol qui faisait une marque à sa lance. Il était auprès du mur : il l’avait mesuré, j’en suis certain. Pareille canaille mériterait qu’on la reçût à coups d’arquebuse.

Don José après un silence. Bon !… cela est bien… Je suis content… Tu peux te retirer. — (Le rappelant.) Mugnoz !

Mugnoz revenant. Monseigneur !

Don José. Mugnoz, cela ne peut durer ainsi.

Mugnoz. Non, monseigneur.

Don José. Et je compte sur toi, Mugnoz.

Mugnoz. Oui, monseigneur.

Don José. Il faudra que je sache quand il ira chez son ami le cacique.

Mugnoz. Je le saurai.

Don José. Dans la montagne, sur le chemin de Tucamba, il y a une petite gorge dans les rochers, et tout auprès d’épaisses broussailles…