Don Juan. Le canon nous donne le signal du départ. Viens, ma bien-aimée.
Madame de Coulanges. Adieu, France, je ne te reverrai jamais !
Charles Leblanc à part. Bon débarras ! (Haut.) Adieu, colonel, je ne vous remercie pas.
Charles Leblanc à la fenêtre. Ha, ha ! Belle ordonnance, ma foi ! — Charmant coup d’œil ! Que c’est agréable de commander une belle division comme celle-là ! Par le flanc droit ! marche !… Et les Danois qui regardent cela comme des oies à qui l’on vient d’arracher les plumes !
Le Résident entrant. (Il ouvre doucement la porte.) Je n’entends plus rien. Tout est fini. Je n’ai pas voulu me montrer tant que j’ai entendu parler espagnol. Ah ! voici notre brave. Eh bien ! mon cher lieutenant, nous avons joliment mené nos affaires ! Mais, diable ! j’étais tout seul en bas contre une douzaine… Que diable ! pourquoi ne m’attendiez-vous pas ?
Charles Leblanc. Regardez par cette fenêtre.
Le Résident. Ciel ! La Romana à la tête de ses Espagnols !… Qu’est-ce que cela veut dire ?
Charles Leblanc. Cela veut dire qu’on nous a trahis ; que j’étais fusillé sans le colonel Juan Diaz, et que l’on vous cherche partout pour vous pendre !
Le Résident. Pour me pendre !
Charles Leblanc. On veut vous faire servir d’enseigne à cette auberge. Voyez-vous cette corde ? c’est votre cou qu’elle attend.
Le Résident. Pour me pendre !
Charles Leblanc. Ma foi ! je vous souhaite bien du bonheur, monsieur le résident.
Le Résident. Ô ciel ! monsieur, défendez-moi, ils veulent me pendre.
Charles Leblanc. Que puis-je faire ? Je n’ai pas d’armes. Vous n’avez qu’un parti à prendre, c’est de demander grâce à ces dames et à ces messieurs.
Le Résident. Ainsi finit cette comédie : excusez les fautes de l’auteur.