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Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/113

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partons. Plaise à Dieu que je puisse vous annoncer de vive voix ce que je vous écris en ce moment !

Oui, nous partons. Amalia ayant été reconnue, en cette occasion, pupille de la chancellerie, son nouveau tuteur, M. Tower, homme de noblesse et de probité, nous accompagne dans ce long voyage. Amalia fait ses préparatifs avec un empressement qui ressemble à de la joie ; elle était si triste depuis si longtemps, que son premier sourire m’a paru l’aube de son bonheur.

Moi, j’ai hâte de quitter une ville où trop de calomnies nous ont accablées, où trop de sang généreux a coulé pour nous. Aucun lien ne m’attache à ce pays ; j’ai vendu mes propriétés depuis plusieurs mois, en prévision de quelque chose de fatal. Toute terre me sera bonne maintenant, je serai heureuse en voyant le bonheur d’Amalia.

Nos deux jeunes gens sont rétablis de leurs blessures, et rappelés en France, l’un par le ministre, l’autre par sa famille. Voilà un bel exemple de dévouement que vous ont donné ces deux Français, mon cher colonel. Vous ne serez pas vaincu par eux.

Nous avons pris nos renseignements à bonne source. Nous aborderons à quelque port du Malabar, et ordre a été donné de nous faire escorter jusqu’au grand village de Roudjah, au centre des possessions anglaises, où nous nous arrêterons. Il y a à Roudjah un état civil, deux temples et cinq ministres presbytériens. Avec cela on garde ses épaulettes et l’honneur.

Votre toute dévouée,

Comtesse Octavie de V.

P. S. Le monde, comme vous venez de le lire, a prétendu que je donnais asile, dans ma maison, au