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Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/303

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été subitement glacées par un froid polaire, en conservant leurs formes, dans une subite immobilité. De loin en loin, on distinguait les ruines superbes de quelque ^^eux temple sans nom et sans dieu, élevé aux âges inconnus, par des architectes qui bâtissaient des rocs sur des rocs, et changeaient la forme des montagnes, pour nous servir encore, en finissant, d’un vers du divin poète qui a tout écrit et tout chanté.


XVII

Le lendemain.

Après une nuit de larmes, de silence morne et de désespoir, Octavie et Amalia virent se lever une journée pleine d’incertitudes désolantes et de deuil. Elles étaient descendues dans le jardin de la maison, qui depuis la veille leur servait d’hôtellerie, et, assises sur le même banc de gazon, elles prêtaient l’oreille à tous les bruits que fait, en se réveillant, un village de soldats, de colons et de fermiers. À tout moment, elles s’attendaient à voir entrer sir Edward avec une nouvelle consolante ou fatale. Octavie, en s’interrogeant, ne trouvait en elle que trouble, ténèbres et contradiction ; quelquefois même elle entrevoyait une pensée horrible dont elle s’indignait comme d’un crime, et qui la révoltait contre elle-même. Au fond de la douleur que ressentait Octavie en songeant à la mort violente de ce jeune comte Élona, proscrit et malheureux en tout pays, elle découvrait une honteuse et coupable consolation qu’elle s’obs-