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Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/52

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— Connait-il la maison du nabab Sourah-Berdar, sur la frontière des possessions anglaises ?

— Nizam connaît tout ou ne connaît rien, à mon choix.

— Sir Edward, vous parlez en énigmes aujourd’hui.

— C’est ainsi, colonel Douglas. Je parle comme les événements ; tout est obscur autour de moi. On nous dit que le pays du Nizam est en feu. Nous arrivons à Bombay ; on nous affirme que le pays est tranquille. Première obscurité. À Smyrne, vous manquez donc un mariage superbe pour venir pacifier le pays. Hier, j’accours à votre ordre, ordre solennel s’il en fut ; j’arrive à Hydrabad, que vous appelez Golconde ; je crois qu’une bataille avec les Taugs va s’engager. Le ton de votre lettre respirait la guerre, nous trouvons Hydrabad ou Golconde dans toute la gaieté rassurante d’une fête indienne. L’obscurité se complique. Bien plus, vous ajoutez que le résident anglais a été invité à cette fête de Dourga par le souverain d’Hydrabad, et que la même invitation avait été adressée à tous les Européens. Vous avez donc compris qu’il n’y avait aucun péril pour vous et pour nous tous, puisque vous n’avez pas balancé à vous livrer à la merci d’une ville habitée par cent mille brigands cuivrés. Ici les ténèbres se condensent. Enfin, j’avais supposé naturellement que vous étiez descendu au palais de notre résident britannique, lequel palais ne fait flotter son drapeau qu’à la fête de Dourga, de Kisna, ou de Siva ; et je vous trouve installé en ami dans cette maison, chez le nabab Sourah-Berdar, qui vend des pierreries, et expose sa fille, comme enseigne, à la porte de son comptoir. Ici mes yeux se voilent, et le grand soleil augmente encore ma cécité.