garniture de perles, je me ferai coiffer comme Sidonia, la nièce de sir William. Elle a des cheveux comme les miens : quand on les serre étroitement, on peut les cacher tous dans la main ; quand on les abandonne à flots, ils enveloppent le corps, comme un sari de veuve. Si les perles sont très-fines, on les tresse avec les cheveux ; elles font un effet charmant ; on en laisse pendre une grappe, sous le nœud, derrière la tête ; les deux nattes se déroulent sur les tempes, arrondies et lisses comme des plaques d’ébène, mais sans mélange de perles ; elles chargeraient trop le front. Avec cette coiffure Sidonia était adorable dans un bal… je n’avais que des diamants, moi : c’est vulgaire. Colonel, je vous remercie ; vous connaissez mes goûts.
— Je voudrais connaître vos pensées, belle Arinda…
— Ah ! c’est plus difficile, colonel ! »
Arinda prit un papillon qui venait de se poser sur ses genoux, le regarda un instant, et lui rendit la liberté.
« Colonel Douglas, poursuivit la jeune fille, j’ai attaché une pensée sur les ailes de ce papillon ; devinez-la.
— Me permettez-vous de réfléchir longtemps ?
— Non, monsieur, je vous ordonne de la deviner tout de suite… le papillon s’est reposé en traversant le lac… tant pis ! ma pensée a raison… Eh bien ! colonel, avez-vous deviné ?
— Excusez-moi, charmante Arinda, je n’ai jamais étudié les mœurs des papillons.
— Colonel, je vous parle sérieusement ; répondez-moi sérieusement.
— Miss Arinda, je vais m’asseoir sur cet escalier, immobile comme un fakir, patient, muet, éternel comme lui ; passez devant moi, une fois tous les dix