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Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/77

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Arinda essuya des larmes honteuses, et cueillant une tulipe sauvage, elle dit avec un sourire céleste :

« Colonel, faisons un échange, donnez-moi votre arme, et prenez cette fleur… Obéissez, monsieur… C’est bien, je suis contente de vous… Je sais aussi que vous m’aimez, colonel Douglas… Voulez-vous que je vous cite les partis que j’ai refusés ? M. Lewis Wyatt, l’agent de la Compagnie des Indes ; M. Baretto, fils de l’associé de John Palmer ; M. Riow, qui possède quinze vaisseaux à Surate ; le major Flamstead, neveu de sir William… J’en citerais vingt. Pourquoi les ai-je refusés ? parce que je sais que vous m’aimez, vous ; que vous m’aimez pour moi, et non pour les diamants de mon père… Maintenant, colonel Douglas, il faut revenir au commencement de notre entretien, mais sans nous fâcher, n’est-ce pas ?… Savez-vous ce qu’on m’a dit à Hydrabad l’autre jour ? C’est ce que je voulais vous faire deviner lorsque votre colère est arrivée au poignard… On m’a dit qu’au mois de juin dernier, vous avez été sur le point de vous marier en Europe…

— Sans doute, dit le colonel Douglas avec beaucoup de sang-froid, c’est un de vos amoureux refusés qui vous a dit cela ?

— Oui. C’est M. Riow.

— M. Riow a menti. Je jure sur l’honneur que je n’ai jamais eu l’intention de me marier en Europe.

— Je vous crois, mon cher colonel… Ah ! c’est que j’ai besoin de vous croire…

— Arinda, je jure de n’avoir jamais d’autre femme que vous… Aujourd’hui même, j’aurai un entretien avec votre père, et nous fixerons le jour de notre mariage dans la première quinzaine du mois prochain… J’ai quelques affaires de service à terminer dans les cantonnements voisins… c’est une inspection pour la