rilités nuptiales, n’avait donné que cet enfant à madame de Saint-Saulieux, mais la présence de celui-ci là ne faisait regretter l’absence d’aucun autre. Marguerite était belle et splendide à voir comme un rayon de soleil dans les épis dorés au mois de juin ; sa taille avait cette élégance suave qui semble n’appartenir qu’aux jeunes femmes parisiennes ; sa figure avait un de ces sourires qui annoncent une fête perpétuelle dans le cœur, ses épaules nues étaient d’une exquise ciselure de contour ; ses cheveux d’or ondoyaient sans le secours de l’art, et ressemblaient à une couronne naturelle, descendue des cieux sur son front.
En la regardant, son père et sa mère disaient : Qu’elle est belle notre fille Marguerite ! et si quelqu’un eût entendu cette exclamation, il l’eût redite avec eux.
Le ministre de la marine donnait un bal ce jour-là même, et il avait invité M. de Saint-Saulieux, sa femme et sa fille. L’heure tant désirée arriva enfin ; on partit pour le bal.
C’était la première fois que Marguerite se trouvait à pareille fête ; et, dans son impatience bien naturelle, elle avait forcé son père à quitter la maison un peu trop tôt. En entrant dans les salons du ministre, M. de Saint-Saulieux les trouva vides ; à peine si on y voyait quelques commandants en retraite, venus exprès de fort bonne heure pour payer la dette d’une visite, et sortir avant tous les autres invités.
Aucune femme n’avait encore paru.
— Il est fort désagréable d’entrer le premier dans un bal ! dit M. de Saint-Saulieux.
— Pourtant, — remarqua Marguerite en souriant, — il faut bien que quelqu’un entre le premier.