leux, il veut mettre le ciel dans l’obligation de le secourir. Étrange prétention, mais souvent couronnée de succès ! Il est vrai qu’en ce moment, d’Elbonza était victime, malgré lui, d’un naufrage, et Lilia victime de son héroïsme, par sa volonté.
Lilia se fixa au bras de son beau-père, comme s’il se fût agi d’une promenade au Prado, et lui dit :
— Cet endroit est charmant, n’est-ce pas ? il me rappelle, ce beau vallon de las Ginestas, voisin de la mer.
— Le moment est bien choisi, dit le beau-père, pour faire des comparaisons ! Eh bien ! ma chère fille, il me rappelle, à moi, l’île de Robinson-Crusoë, et cela me fait frémir.
— Pourquoi frémissez-vous ainsi, cher beau-père ; ne peut-on pas vivre ici comme ailleurs ? le climat est superbe, l’air est délicieux à respirer sous ces arbres, il y a tout ce qu’on peut désirer pour vivre : les eaux douces et les fruits doux, que faut-il de plus ?
— Il faut tout le reste, de plus ! ma fille ; et lorsqu’on a été habitué comme moi à vivre dans une habitation, au milieu du luxe, on ne peut plus vivre dans un bois, comme un orang-outang.
— Mon cher beau-père, dit Lilia, vous êtes un de ces hommes qui se plaignent toujours, et ne sont jamais contents de leur sort !
— Je vous trouve vraiment plaisante. Madame, de me faire des reproches ! et vous prenez bien votre temps pour me censurer ! vous, qui êtes la cause obstinée de tous mes malheurs !